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  1. QUÉBEC:

    Des ambitions mondiales

    Par Jean-François Lisée

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  2. Imaginez un chercheur qui devrait décrire le Québec, mais sans y mettre les pieds et sans rien connaître de son économie ou de sa démographie. Il devrait décrire le Québec à partir de sa présence internationale.
    Il devrait, en fait, le déduire.

  3. «Le Québec n’est pas une superpuissance culturelle, car il n’est ni Hollywood, ni Bollywood, ni Paris. Mais il est sans contredit une puissance culturelle.»

  4. Culture

    Suivant l’actualité cinématographique, il constaterait que chaque année depuis trois ans, un film québécois est en nomination aux Oscars pour le meilleur film étranger. Poursuivant ses recherches culturelles, il noterait que des Québécois sont chargés de créer les plus grandes productions du temps dans le temple new-yorkais de l’Opéra, le Met, qu’ils occupent la place de choix à Las Vegas, que certains de leurs chanteurs dominent les marchés francophones et anglophones des ventes, que leurs troupes de danse sont reconnus de Philadelphie à Berlin. Il constaterait aussi que les meilleurs jazzmen, humoristes et contorsionnistes convergent, chaque année, vers la métropole québécoise pour partager leur art en au moins quatre langues : la musique, le fou-rire, l’anglais et, par-dessus tout, le français.

    Notre chercheur saurait, car il a des comparables, que le Québec n’est pas une superpuissance culturelle, car il n’est ni Hollywood, ni Bollywood, ni Paris. Mais il conclurait que le Québec est une puissance culturelle.
  5. «Le premier employeur privé au Québec n’est pas Wal-Mart, comme ailleurs, mais une force financière majeure et coopérative, le Mouvement Desjardins. »

  6. Économie

    • Il devrait remplir son calepin de notations économiques. Il apprendrait que dans les tunnels de métro de 40 villes et sur les chemins de fer de 21 pays, du Chili à l’Ouzbékistan, roulent pas moins de 100 000 véhicules portant un logo québécois, Bombardier.
    • Il apprendrait qu’en Aérospatiale, la métropole québécoise est sur le podium des trois grandes places mondiales et que des avions québécois sillonnent le ciel de 100 pays. Ils atterrissent dans des aéroports américains, russes ou africains. Des aéroports fabriqués par des ingénieurs québécois.
    • Il noterait aussi que le Québec est une référence en matière de coopératives. On lui dirait que 2800 coopératives du monde entier sont venues fêter à Lévis, en 2012, l’année internationale des coopératives. Et ils en sont revenus avec cette information étonnante que le premier employeur privé au Québec n’était pas Wal-Mart, comme ailleurs, mais une force financière majeure et coopérative, le Mouvement Desjardins. On lui dirait aussi que le Chantier de l’économie sociale du Québec est également un point de référence en la matière et accueillait, en 2011, ses collègues de 65 pays.
  7. «Un des plus grands accords de libre-échange de l’histoire récente, l’ALENA, n’existerait tout simplement pas sans le poids politique mis dans la balance par le Québec il y a bientôt 30 ans. »

  8. Politique

    • Continuant ses investigations, notre chercheur s’intéresserait au poids politique du Québec. À Washington, il apprendrait qu’un des plus grands accords de libre-échange de l’histoire récente, l’ALENA, n’existerait tout simplement pas sans le poids politique mis dans la balance par le Québec il y a bientôt 30 ans.
    • À Bruxelles, on lui expliquerait qu’un autre accord historique, en voie de négociation, entre toute l’Europe et le Canada, n’existe qu’à cause de la volonté du Québec de le voir émerger.
    • À Paris, on lui dirait que la force de caractère du Québec, incarnée par une certaine Louise Beaudoin, fut déterminante dans la conception d’une convention internationale protégeant la capacité des États à soutenir leurs cultures nationales. Convention d’abord portée par le Québec, la France et le Canada, puis par la Francophonie, puis par tous les pays du monde, sauf deux.
    • Dans plusieurs capitales africaines, il apprendrait que le Québec est un des gouvernements les plus influents d’une organisation qui en compte 77, l’Organisation Internationale de la Francophonie. L’OIF, dirigée magistralement par un grand sénégalais, Abdou Diouf, et secondé admirablement par un Québécois, Clément Duhaime.
    • À Haïti, au Maghreb, en Afrique sub-saharienne, on lui dirait que les Québécois de 65 organisations de coopération humanitaire membres de l’AQOCI aident des populations locales à devenir plus autonomes, sur tous les plans. Il apprendrait que l’an dernier seulement, le Directeur général des élections du Québec a accompagné la transition démocratique au Bénin, au Maroc, à Madagascar, au Mexique, au Gabon et au Burkina Faso, a aussi conseillé les Catalans, les Américains et les Français.
    • À Boston, la grande ville intellectuelle américaine, on lui dirait qu’elle ne connaît qu’une rivale, en termes de nombre d’universités, d’étudiants locaux et étrangers : Montréal.
  9. «On a su dépister l’hypothyroïdie congénitale chez 150 millions de nouveaux-nés grâce aux travaux du Québécois Jean-H Dussault.»

  10. Science

    • S’intéressant à la science, on lui expliquerait qu’un Québécois, Pierre Dansereau, est le père de l’écologie, qu’un autre, Hans Seyle, a le premier décrit le stress, que le rachitisme a été battu en brèche parce que des chercheurs québécois ont su comment enrichir le lait. Il apprendrait qu’on a su dépister l’hypothyroïdie congénitale chez 150 millions de nouveaux-nés grâce aux travaux de Jean-H Dussault. Ou encore que Bernard Belleau a conçu le 3TC, premier médicament mondialement utilisé contre le Sida.
    • Au cours des 30 dernières années, grâce aux chercheurs québécois :
      • on comprend mieux les mécanismes de la douleur et la maladie d’Alzheimer;
      • on connaît des gènes prédisposant au cancer du sein;
      • on a découvert la capacité des neurones de se régénérer dans le système nerveux central;
      • on sait diagnostiquer précocement la scoliose et des infections bactériennes fulgurantes.
    • Sans compter que le Québec invente, pour les voitures électriques, les piles les plus performantes.
    • C’est la liste courte.
  11. «La politique internationale du Québec est au service d’un remarquable foisonnement de création, d’une contribution significative à la vie internationale.»

  12. Conclusions

    • De retour dans son bureau, avec toutes ses notes, qu’en retiendrait notre chercheur? Difficile à dire. Mais il est facile d’imaginer ce qu’il ne déduirait pas :
      • Il ne croirait pas qu’un peuple de seulement 8 millions de personnes est responsable de tout ce rayonnement.
      • Il ne croirait pas que le PIB de ce peuple ne le hisserait pas, au moins, dans le G20.
      • Il aurait beaucoup de difficulté à comprendre que ce peuple n’est pas membre des Nations Unies et qu’il ne peut presque jamais voter dans les forums où se décident des grands enjeux où il a pourtant tant à dire et à offrir.
    • Il y a certainement une chose qu’il ne demanderait pas, et c’est la suivante : à quoi sert la politique internationale du Québec? Il verrait qu’elle est au service d’un remarquable foisonnement de création, d’une contribution significative à la vie internationale.